Bien qu’ hideux en apparence, Bugul Noz avait une nature bienveillante. Il parcourait les régions boisées de sa Bretagne natale. Parfois on l’avait appelé « Berger de la nuit » en raison des soins qu'il portait aux animaux de la forêt. En cette froide et frisquette nuit d’Halloween du 31 octobre, il se sentait étrangement en sécurité. Ce fut la nuit ; la seule nuit vraiment, qu'il pouvait se montrer en public. Il était facile pour lui de se faufiler parmi la foule de gens qui participaient aux fêtes déguisées en cette nuit d'Halloween ; l’ancien nouvel an celtique. Vetus de costumes grotesques, chacun se disputait le titre du plus effrayant par l’aide de faux sang, crocs, les cheveux teintés, maquillage, masques et linceuls. L’apparat le plus bizarre, macabre et épouvantable provoquera l’admiration de chaque. Oui, ce fut la nuit qui Bugul Noz pouvait se sentir à l'aise avec sa propre apparence. Car les gens qu'il rencontrait ne savaient pas que la laideur de cette créature était tout à fait naturelle. Bugul Noz n'avait pas besoin d'un costume et maquillage afin d'effrayer les gens.
En arrivant au bord du village, Bugul Noz respira l'air froid et frisquet. La brume tourbillonnait juste au-dessus du sol, créant un velours gris comme tapis. Cette soirée parfaite de Bretagne d’ automne, pleine de magie et de mystère qui emplissaient l'air de son pays d'origine celtique. « la Bretagne » pensa t’il, et il soupira avec plaisir. Fière, distincte, unique et malgré les efforts de beaucoup a travers les années, elle demeura indépendante d’âme et d’esprit . Bugul Noz ne pourrait pas survivre en dehors de sa chère Bretagne car il était maudit d’errer cette terre sans montrer son visage. Bien que d’apparence répugnante envers ses compatriotes Bretons, il etait néanmoins l'un d'entre eux.
Bugul Noz se sentait aussi vieux que la terre sur laquelle il marchait. Certains arbres dans les anciennes forêts dans les quelles il vivait lui rappelait les jeunes arbustes qui poussèrent depuis de nombreuses années. Y avait-il un moment où il ne sentait pas seul ? Si c’etais peut être le cas, il ne s’en souvient pas. Parfois, il rencontrerait « Ankou ». Grand et vêtu d'un manteau long et sombre, portant un large chapeau et une faux sur son épaule, l’ Ankou squelettique était le collectionneur des âmes des morts en Bretagne. Ils se saluairent mutuellement mais Ankou était toujours très occupé, même avec ses deux aides squelettes qui l’assistaient à charger les âmes des morts dans un chariot branlant tiré par des chevaux noirs.
Bugul Noz etait le dernier de son espèce. Un esprit féerique destiné dorenavant à vivre une existence indépendante. Conscient de sa laideuse apparence auprès des humains, il faisait le necessaire pour les éviter. Doux et attentionné, Bugul Noz ne voulait bouleverser personne. Parfois, en marchant il pourrait entendre des rires ou sentir une présence humaine. Bien qu'il mourait de les rencontrer et de leur parler il savait que ce n'était pas possible. Pour préserver secrètement son apparence, il ferait un bruit ; fort et assez effrayant pour qu’ils s’enfuissent. Les gens connaissaient l'histoire du Bugul Noz, mais très peu l'aurait vu et avait l’envie de le rencontrer.
Mais ce soir la était différent. De la forêt, il entra dans le village. Des groupes de personnes vêtues de leurs costumes effrayants marchèrent près de lui sans se retourner. En les regardant directement certains réagissaient en riant et en le félicitant de la creation d’un tel horrible costume d'Halloween. Fou de joie, il leur aurait rendu la pareille et partagerait avec eux quelque chose, qu'il n'aurait jamais fait normalement ; en contact direct avec un être humain. Oh oui-Halloween était si spécial car cela marque la fin de l'année et le début de la nouvelle dans la culture celtique. C’était La nuit où le voile entre les vivants et les morts était le plus fin.
Les humains l’ont réalisé, moyennant courage, qu'ils partagent leur monde avec ces créatures, les âmes des defunts et l’au-delà qui ne sont normalement pas visibles. Depuis ses origines dans les nations celtiques du Nord-Ouest de l'Europe, les célébrations de l'Halloween semblent maintenant être devenues un phénomène mondial.
En marchant dans les rues du village, fier en cette occasion et avec l’esprit ouvert, Bugul Noz retournera vers les bois. Sur le chemin longeant les arbres, il entendra le son d’un chant. Il s’arreta avec le sentiment instinctif de s’enfuir dans la foret et de se cacher. En écoutant attentivement, cette voix etait si douce, claire et belle qu’elle était presque envoutante. Bugul Noz decidera de ne pas se cacher, car après tout c’était encore Halloween et son apparence choquante pourrait passer pour un des hideux costumes. Emergant de la nuit brumeuse, elle se dirigeait vers lui le long du chemin. En s’approchant il réalisa qu’elle était très belle. Sa figure était aussi pale qu’une lune d’hiver et encadrée de long cheveux chatains comme la couleur du soleil couchant. Semblant de ne pas le remarquer, Bugul Noz lui parlera doucement afin de ne pas l’effrayer.
« Bonsoir, vous avez vraiment une voix charmante ! » , Malgré tous ses efforts, il verra qu’il l’avait surpris et qu’elle avait sursauté. Ses yeux s’écarquillèrent révélant leur couleur profonde bleue celtique
« Désolé de te surprendre, je n’avais aucune intention »
Soulagée au son de la gentillesse de sa voix, elle repondra « oh, pas de problèmes ! j’etais plongée dans mes pensées. Vous devez penser que je suis folle d’errer par ici en chantant à moi-même au milieu de la nuit. Je suis juste sur mon chemin de ma maison d'une fête d'Halloween ; j’ai probablement eu trop à boire", elle se mit à rire.
« Votre chant est agréable, vous ne devriez pas le garder secret. De toute façon je suis heureux de l’avoir écouté », dit-il
« C’est gentil de votre part ! », elle repondit avec humour et lui fera une petite courbette théâtrale.
"Avez-vous loin à aller ? Je vais marcher avec vous si vous le souhaitez", demandera le Bugul Noz.
« Non pas vraiment mais ce sera agréable d’avoir votre compagnie «
Il marchèrent côte à côte le long du chemin. Elle lui parla et se metta à rire, lui faisant part de son amour pour la nature et combien elle adorait vivre dans sa petite maison au bord des bois. Bugul Noz lui fera savoir qu’il était aussi amoureux de la campagne et des arbres des fôrets. Bien qu’il ne marchèrent qu’aux environs de vingt minutes, il avait du mal à se rappeler si il aurait eu n’importe sorte de conversation auparavant. Il ne prenait pas en compte ses rencontres et échanges brefs avec l’affairé et sombre Ankou.
Finalement ils arrivèrent au seuil de sa maison. Pas une seule fois elle mentionna son apparence ou commenta sur la hideur de son costume d'Halloween
« Vous ne semblez certainement pas d’avoir aucune peur de l'obscurité » dit-il « et je suis heureux que mon apparence ne vous répugne pas. » C’est à ce moment qu’elle se tourna pour lui souhaiter bonne nuit qu’il apercevra que ses yeux ne fixaient pas les siens et que son attention était guidée entièrement par le son sa propre voix. Quand sa main rechercha à atteindre et de tâter la poignée de la porte, il realisera qu’elle était aveugle.
« En effet » dira t’elle » l’obscurité est normale pour moi, jour et nuit et je connait très bien le chemin de ma maison. Pour votre apparence, elle haussa ses épaules, je ne peux pas vous voir de toute façon . Vous pouvais être le Bugul Noz en personne et je m’en fiche !
« Bugul Noz ! bien vous avez raison, c’est exactement qui je suis, dit- il avec surprise
En riant brièvement suite à cette petite blague elle dira « merci de votre gentillesse et m’accompagner jusqu’à ma maison, Bugul Noz et joyeux Halloween ! »
Elle lui dira au revoir d’un signe de la main et fermera la porte de sa petite maison.
Bugul Noz retourna dans les bois en sautant sur ses pieds et un sourire sur son visage. Il avait en effet passé un heureux Halloween .